Daniela Oana - Poet and Photographer
These poems are also translated into English and will be found in my poetry book, soon to be published.
Poésies
​

Coeur Sans Dessus Dessous
2017
Une par une, les lampes s’éteignent
Laissant au-dessus de moi, la seule allumée
La seule héroïne au-dessus du spot light
Un poignet supportant mon front
Et l’autre main autour d’un verre vide.
Je chante à une foule qui ne s’y trouve plus
Soulagée auprès du gin et vodka
Leur héroïne prête à s’éteindre
Fredonnant des mots d’amour empruntés
D’une chanteuse aussi soulée qu’moi.
Mon seul spectateur m’observe sans mots
N’osant corriger mes paroles mal chantées
Sachant qu’à tout temps j’éteindrai mes yeux
Me laissant reposée auprès d’lui
Mon poignet et mon front, cognant la table.
​
Sous l’Aiguille d’une Montre
2017
Un plaisir fut-il de te rencontrer
Pour quelques verres, la semaine passée;
Tout a l’heur entre amoureux
Toujours souriants et fous heureux;
Mais surtout il y a deux ans
Lorsque notre amour a pris élan.
Notre temps, sous l’aiguille d'une montre,
Ainsi marqua notre première rencontre
C’est lorsqu’on a compris nos yeux
Que l’un l’autre, ont exaucé nos vœux
À l’amour, on a pu se rendre
Même si d’autre ont cru nous fendre
​
La Piqure
2015
J’observe la tomate
trop rouge
trop mûre.
Elle s’éclate d’un côté
comme du pain au four
saignant lentement
Mon doigt la touche
et je le suce
goûtant la pauvre bête -
son acide coulé autour d’elle -
comme si ce fut lui
qui saigna d’une piqure
comme si ce fut moi
qui m’éclata
…pauvre bête
​
​
La Chance
2015
Au tout début
Six paroles apparurent
Lorsque toutes les autres
Ne purent passer à travers
Les portes en fer fermées
Plus tard dans la nuit
Sept paroles apparurent
Mais vue que la septième
S’enjamba entre les fers
Toutes paroles souffrirent
Par la toute fin
Sans l’Amour présent
La Chance tourna son dos
Aux portes verrouillées
Rouillant auprès du Regret
​
​
Le Ballon Bleu
2015
Il lui dit un jour
De bien écouter
Alors elle l’écouta
Et écouta.
Mais il chuchota
Restant même muet
Les deux bras croisés
Patient et songeur.
Toutefois, elle alla ci et là
Seule, comme il l’eut fait
Emporté par un ballon rouge
Elle du sien, leurs compagnons.
Les bras démêlés
Droit sur ses talons
Revenue sur terre,
A son tour il l’écouta.
Entendant soudain
A ce qu’il ne s’attendit
Lorsque sa lettre lui dit
Que déjà elle écoutait!
Relisant aux yeux minces
Se grattant la tête
Se frottant l’menton
Sachant nul que faire!
Ni le savait-elle
Ses bras autour d’elle
Écoutant fort son silence
Ses murmures point déchiffrés.
Si seulement il eut saisi
Ce dont son ballon bleu
Lui avait autrefois dit
Mais celui-ci écouta guère.
Il ne lui resta alors
Que de lui souhaiter
Le bonheur des poèmes
Espérant...être entendu.
​
​
L'Hiver
2012
Je tombe à mes genoux,
Mes bras autour des tiens,
Qui ont aussi connu le sol froid,
Que j'ai aidé à relever,
Tendrement, tout doucement, soigneusement
L'éclat de mes yeux s'est éteint,
Ainsi se levant vers les tiens,
Qui ont aussi connu les soirs sombres,
Que j'ai baisé, les réveillant au soleil,
Patiemment, encore et encore, en y arrivant
Ma poitrine porte un coeur fissuré,
Mes mains te demandant l'autre moitié,
Comme ta poitrine aussi a connu le chaos
De l'angoisse que j'ai aidé à détendre,
En soulageant, en t'aimant, t'adorant
Mes pas se sont tous perdus,
Lorsque les tiens quittèrent mon côté,
Qui ont aussi dû retrouver le chemin de l’ivresse.
Ma main prenant la tienne t'as aidé,
Te guidant, te serrant la main, te serrant aux bras
Mais tu m'as laissé les genoux au sol.
Tes yeux ne s'abaissèrent vers les miens.
Tu as évité mes mains t'implorant de m'aider.
Tu m'as laissé perdu dans les bois
à y mourir l'Hiver
​
​
Ma Mort
2009
J'entends des pas aplatir la neige
Ils me suivent encore ce soir
Et s'approchent de plus en plus
Mais dès que je me tourne
Je les entends comme une bête s'enfuir ailleurs
Et seules mes traces se voient
Par des yeux de plus que les miens
Je sens mon visage caressé de doigts maigres
Ils se glissent pour arriver à ma main
Pour la tenir seul à lui
Mais dès que j'ouvre mes yeux,
Éveillée pas des frissons
La présence s'évade aussitôt,
Mes poils soulevés de ma peau
J'entends les murmures encore ce soir
Je n'arrive à comprendre
Ce dont les supplies veulent me dire
Mais dès que mon cœur commence à battre de peur
La voix s'éloigne en échos,
Seuls les battements de mon cœur s'entendent
Je sens des yeux me suivre
Dans la grotte ou j'suis tombée
Je ne voie que la noirceur
Du creux dans lequel j'ai glissé
Mais dès qu'ils s'approchent
Me fixant droits dans les yeux
Je saisis enfin que c'est la mort
Qui me rodait aux alentours
​
​
Cher Sablier
2009
Et moi qui m'attendais à une étoile filante,
À passer au-dessus de moi pour en faire des voeux,
Au lieu, c'est moi qui m'suis levée au ciel,
Au-dessus de mon monde auquel j'ai dû dire Adieu
Et moi qui rêvait d'être la mariée en robe blanche,
Avec tous les yeux sur moi et mon époux,
Au lieu, ce sont les regards en deuil avec des larmes aux yeux,
Qui m'admiraient dans ma robe blanche, étendue pour toujours
Et moi qui espérait trouver l'amour de mes poèmes,
Mon cœur gonflé comme un ballon prêt à éclater,
Au lieu, c'est la vitre de mon sablier qui s'éclata
Et chaque grain de sable, perdu comme mes rêves
L'Attente
2009
Tout est triste ici chez toi
C'est le silence qui me le dit
Quand seuls mes pas s'entendent aller,
Sachant alors que je suis l'intrus
Aux yeux de tes murs
Tout est mort ici chez toi
C'est la poussière qui me le dit
Quand elle se colle aux bouts de mes doigts,
Sachant alors que ce dont je touche
Envahi leur long repos
Tout est froid ici chez toi
C'est la vapeur dont j'expire qui me le dit
Quand ton absence de chaleur semble éternelle,
Sachant alors qu'ici l'hiver
Règne à tout temps
Tout est secret ici chez toi
Ce sont tes possessions qui me le disent
Quand déposés à leur temps et endroit précis,
Sachant alors que leurs histoires
Sont verrouillées au-delà de leurs portes
Tout est seul ici chez toi
C'est leur patience à te revoir qui me le dit
Quand sans un mot ils t'attendent à passer par la porte,
Sachant alors qu'au milieu de cette chambre,
Je fais de même qu'eux
​
​
Mon Épave
2009
Ma douleur ne part pas
Elle s'écrase paresseuse au fond de moi
Habitué à son coin
C'est mon cœur qui supporte son poids
Une vie qu'avec cette voix en moi
Ces chuchotement à mes temples pénètrent
Je ne croie aux temps heureux
Ils me moquent ne durant grand temps
Comme un échantillon prévu à s'achever
Comme le soleil se lève et se couche
Ma peine aussi suit la routine jour après jour
Mon âme traine toujours loin derrière moi
Risquant à tout temps de le perdre de vue
Je ne saurai à quoi il ressemble
Sans couleurs vives à mes yeux
Tout parait noir, blanc et brun sale
Tes yeux aussi sont plus noirs que le fond du lac
Celui dans lequel mon âme s'est perdu
Mon épave qu'un jour tu amèneras à la surface
Le jour dans lequel un rayon m'aveuglera
Formant peu à peu un soleil tout rond
Et ta silhouette aux yeux azurs ne quittera mon côté
​
​
Tranchée
2001
Je suis si heureuse
Laissez-moi ici
J'aime ce vent silencieux
Je suis si heureuse
Comme une fleur se laissant bercer
D'un côté à l'autre
Ne quittant son champ de blé
Mais je suis une fleur séchée
Et par terre on peut m'trouver
Oh, que je suis triste!
Petit vent, berce-moi et ne cesse pas
Mais soit léger et fin vers moi
Je suis si heureuse!
Laissez-moi dormir
Comme la Belle aux Bois Dormant
Mais je suis si triste!
Son prince la réveillera
Moi? Je resterais toujours ici
Faible, sans force pour me lever
Je suis si heureuse!
Laissez-moi pleurer
Ce sont mes larmes de joie
Mais que je suis triste!
Ces larmes trop amères
Ne sont que de tristesse
Je suis si heureuse!
Laissez-moi flotter
Sur la mer si clame
Aux vagues si chaudes
Elles me guideront
Mais je suis si triste
Elles me perdront
Je suis si heureuse.
Laissez-moi penser
Ainsi que de rêver
Ne faites pas du bruit
Shh, soyez tous gentils.
Oh que je suis triste!
Mes pensées ne sont que tristes
Mes rêves, que des cauchemars
Faites du bruit...
Ça n'sert à rien
Je suis si heureuse.
J'ai tout ce dont j’désire
Come une reine assise au trône
Mais oh que c'est triste.
Ou pars-tu mon petit roi?
Je suis heureuse.
Laissez-moi chanter
Légèrement fredonner
Mais je n’peux chanter...
Seulement soupirer
La tristesse si angoissante
Je suis malheureuse.
Tellement malheureuse.
Je ne suis heureuse.
Je l'espère seulement
Mais tu vois? Ça ne m'aide pas.
Alors laissez-moi ici
Il me garde bien au chaud
Laissez-moi ici
J'aime se vent tout doux
Dans ce creux trancher de guerre
Tu m'as bel et bien quitté
Mais je n’te quitte pas
Mon petit soldat
Je me couche à tes côtés
Bien glissée auprès de toi
A mon tour je ferme mes yeux
Reste, et ne quitte pas
Mais oh que c'est triste.
Seule moi me réveillera